A l'origine de l'origine !

Une des questions que l'on se pose quand on parle des origines du vin, c'est celle de l'origine de la vigne cultivée, Vitis vinifera (la vigne que l'on va vinifier !)
C'est le nom de la sous-espèce, c'est une mutation de l'espèce sauvage Vitis sylvestris (la vigne qui pousse dans la forêt), l'aire de répartition étant l'Europe et l'Asie Centrale.
La question que se posent les ampélologues (quel nom !) est de trouver le lieu et le moment où la vigne sauvage (sylvestris) est devenue cultivée (vinifera). Et ils pensent que l'on découvrira en conséquence le lieu et l'époque où l'homme a découvert les secrets de la fabrication du vin.
Il y a des programmes de recherche en cours sur le sujet, avec une traque génétique passionnante de la vigne, entre les espèces sauvages asiatiques, européennes, et les cépages cultivés actuels. Pour l'instant, les résultats (José Vouillamoz1) plaident pour une mutation des souches anatoliennes et transcaucasiennes vers Vitis vinifera. Ce qui confirme donc toute cette région sud-caucasienne comme étant certainement le foyer primitif de l'invention du vin.
Mais évidemment ce que l'on peut imaginer aussi, c'est que tout n'est pas aussi tranché que ça, que l'homme a certainement consommé du raisin sauvage depuis extrêmement longtemps, probablement depuis qu'il a quitté l'Afrique et est arrivé en Eurasie ; pourquoi en serait-il autrement ?
 L'homme, chasseur-cueilleur par nature, a toujours cherché dans son habitat les sources de nourritures possibles, et le raisin est un fruit évident, dégusté par les oiseaux ou les petits grimpeurs, car le problème est là : la vigne est une liane et grimpe aux arbres. Les raisins ne sont pas comme aujourd'hui au ras du sol, mais bien à 5 mètres accrochés aux branches.
Les hommes ont donc goûté, apprécié, dégusté même cette petite baie très tôt dans leur histoire, on va dire (mais ce n'est pas très scientifique !), depuis toujours ! Mais la question est donc : où, quand et comment ont-ils commencé à "adopter", à sélectionner, à cultiver cette liane sauvage ? 
C'est bien sûr une fois encore tout le processus de domestication d'espèces naturelles qui fonde la "révolution néolithique" qui est ici au centre de l'interrogation. 

http://www.penn.museum/sites/biomoleculararchaeology/wp-content/uploads/2009/11/Vouillamoz2006ArmeniaGeorgiaTurkeyGenotyping11.pdf

A la recherche d'un homme remarquable

La nuit est tombée sur Tbilissi. J'entends la ville qui bruisse, les klaxons me paraissent étouffés au loin.
Dans la cour d'à côté, les jeunes font un feu dans la neige, avec des planches de récup. Ce sont plusieurs familles qui s'entassent dans quelques appartements, ils viennent des montagnes ou des campagnes. D'après Marina, qui leur porte des fois quelque chose à manger, ils n'ont rien, ou presque, pas de travail, pas d'argent, enfin rien de fixe, c'est au petit bonheur. Pourtant, il y a toujours dans la cour au moins deux Mercédes énormes et nickel !

Je voudrais bien savoir où Gurdjeff avait installé son "Institut", dans quelle rue, dans quelle maison. A l'époque, on appellait la ville Tiflis, nom magique aux résonnances de la Route de la Soie, de la Porte de l'Orient, entre la sauvagerie du Caucase et l'âpreté des déserts d'Iran. L'époque, c'est 1916. C'est l'explosion de barbarie dans l'Europe qui se voulait Mère de la Civilisation, on s'entretue, on se massacre, on s'extermine. Le reste du monde regarde effaré ce déchaînement, ce paroxysme de folie sanguinaire, avant de glisser peu à peu dans le gouffre, comme attiré aussi par ce vide absolu de la conscience humaine. En Russie, la Révolution éclate, les vies ne valent plus grand chose ici non plus, chaque camp produit ses exaltés, ces fous qui entrainent le troupeau dans la vengeance et le rêve de domination, on tue, toujours, on viole, on humilie.

C'est dans cette débâcle de l'humanité que Gurdjeff navigue avec ses élèves pour bâtir son institut, poursuivre son travail. C'est d'ailleurs ce qui lui donne certainement beaucoup de relief, on le voit parcourir le pays, de Saint-Pétersbourg à Tiflis en passant par Sebastopol, occupé à trouver un endroit épargné par la folie, la peur, les dénonciations, les réglements de compte, pour installer une bulle de paix, d'harmonie, de vision et de conscience. Il y a un tel décalage entre les oscillations, les vibrations violentes, guerrières de toute la Russie, tous les trains, les routes, les gens à pied, à cheval qui parcouraient le pays en tous sens, et qui croisaient Gurdjeff et sa petite troupe, s'agitant aussi mais avec juste l'obstination de trouver une retraite ! Comme un monastère !

Riva del Vin, Riva della Fortuna

Le Vin, Fortune des mers. Fortune de Venise le poisson borgne tapi dans la lagune.
Quelques cabanes grelottantes et pourries investissent les îlots brumeux, serrées sur le point haut (?) pour échapper aux vagues des hautes marées. Quelle idée de se fixer ici. On ne fait rien pousser, ni blé, ni vigne,ni arbres fruitiers. Seul avenir : pêcher les quelques poissons vaseux du delta, ou partir, partir chercher ailleurs ce qui n'existe pas ici. Et ce sera la fortune de Venise.
Le vin, les Vénitiens sont allés le chercher sur les rivages de la Grèce, dans les îles de la mer Egée, à Chypre.
Riva del Vin, Riva della Fortuna.



Le commerce ! C'est fascinant de voir que le vin a généré dans l'Histoire parmi les commerces les plus importants ! Ce qui agitait les hommes, les poussait à braver les mers ou les fleuves peu sûrs, les lançait des mois hors de chez eux, de leurs cités, de la sécurité, pour la plus grande part c'était pour le commerce du Vin !!
Dans l'Antiquité, les Grecs bien sûr qui envahissent la Méditerranée avec leurs bateaux chargés d'amphores, puis les Romains. Mais avant, en Mésopotamie déjà, les vins que l'on retrouve aux tables riches de Ur, Summer ou Babylone viennent des monts Zagros de Perse ou des plateaux anatoliens. De même en Egypte, les vins retrouvés dans les tombes ne semblent pas provenir de la vallée du Nil mais plutôt de Chypre ou de Phénicie.
Au Moyen-Age de même, les flux commerciaux parmi les plus importants sont générés par le vin. Particulièrement du territoire de ce qui deviendra la France, vers les marchés de cette Europe du Nord qui commence à s'enrichir. Charentes, Bordelais, Loire, pour la facade atlantique, Vallée du Rhin, Bourgogne pour les voies terrestres.

Ce qui surprend toujours, c'est que ce soit le vin qui soit à l'origine de toute cette agitation !
Il s'agit d'un objet non vital, inutile presque, compliqué à produire, à conserver, à transporter ! Qu'est-ce qui pousse les gens à dépenser autant d'énergie, de santé, d'argent, pour aller chercher ou vendre ce breuvage particulier !! Quelle qualité majeure est cachée dans son coeur qui séduit autant les hommes ?

Madagascar, le vin et les ancêtres.

Quel étrange destin que la vigne !
Vitis vinifera parcourt le monde avec ses maîtres, au gré des conquêtes ou des marchés !
OU peut-être est-ce elle, le maître, et nous ses esclaves qui la servons, l'entretenons, la multiplions. Quelle meilleure stratégie une plante pourrait-elle trouver que de devenir indispensable à l'espèce humaine ?


L'Afrique l'accueillera (en dehors bien sûr de l'Afrique du Nord, qui, toute à son versant méditerranéen, a connu les faveurs de la liane depuis les origines) avec les voyageurs et les colons portugais, espagnols, français, anglais et hollandais. Il y aura l'Afrique du Sud qui entrera dans le club select des grands crus, mais il y a aussi d'autres régions plus exotiques, comme Madagascar !

L'ancienne colonie française fait du vin, encore aujourd'hui, et pas le plus horrible, malgré sa position tropicale ! Les Hautes Terres du Betsileo, dans la région d'Ambalavao, accueillent quelques domaines qui tentent de s'imposer dans le paysage malgache. 

Mais on n'implante pas si facilement une boisson nouvelle dans un pays africain, où le culte des ancêtres est ritualisé en partie autour de l'alcool, le rhum que chacun fait soi-même à partir de la petite plantation de canne qui pousse derrière les maisons. 

Musée secret...


Découvrir les trésors entreposés dans les salles réservées du Musée National à Tbilissi, c'est le début d'un voyage dans le temps qui nous amène aux fouilles d'Arakhlo, sur les traces du premier vin de l'humanité !

trouble (Tbilissi)

sur le trottoir, de l'autre côté, la chaussée nous sépare, je rentre à ma chambre, l'après-midi se traîne, la journée a été normalement active. Une fille, 12 ou 14 ans. Assise, un peu recroquevillée. Seule. La rue est passante, c'est cette même rue aux boutiques où les gens passent avant de rentrer chez eux le soir.
Elle est là, assise à même le macadam un peu sale du trottoir. Il fait beau, pas froid, sec. Elle est habillée très propre il me semble, avec de grandes bottes qui montent presque jusqu'aux genoux, ça fait assez mode.
Elle est lycéenne, disons collégienne, elle est assez jolie, mais elle s'en fout, elle ne sourit pas, elle est seule et elle mendie. Elle ne tend même pas la main, mais elle attend par terre un peu d'argent des passants. On est pas loin de l'église russe, les gens sont charitables, aussi.

Note filmique # 2

Bourgogne / concepts à explorer l'homme mystique, à la recherche d'une perfection, d'une pureté, d'un idéal, mais qui doit aussi composer avec un monde complexe, corrompu, imparfait, fait du bien et du mal. L'homme objet des forces contraires : pureté, esprit, ou homme terrestre, charnel, plaisir, envie, désir, pouvoir, argent. Vision des moines de l'An Mil. élan de foi, de mysticisme qui saisit l'Europe. Retour à des valeurs pures, fortes, originelles. Pauvreté. Courage. Opposition et affirmation face aux puissants, de la force de l'âme sur celle du pouvoir. Organisation, communauté : l'abbaye est tendue vers la rigueur et l'efficacité, spirituelle, mais aussi matérielle : l'entreprise est née ! Bâtisseurs, architectes du paysage de Bourgogne, la foi modèle les paysages : “climats”, églises, calvaires, etc. La vigne et le vin sont une sorte de milieu, de mélange, entre la mystique (sang de Dieu), l'économique (boisson fortifiante, boisson d'hôte, de messe) et le profondément humain (joie, plaisir)

Tbilissi objet rêvé


J'aime Tbilissi ! Si, je l'avoue. De mille aiguilles fugaces qui me piquent la raison.
C'est la magie d'un voyage inattendu, imprévu, qui est arrivé tout seul par un scénario. La quête de l'histoire du vin ouvre une porte secrète, cachée depuis toujours dans un coin du monde, mais on ne la voyait pas, on n'en avait pas besoin, pas envie, pas connu, personne ne parle de Tbilissi.
Alors quand le voyage vous emporte vers ce nom magique, le mystère de l'évocation agit en vous aussitôt, sans pouvoir se défendre, un tourbillon fait d'espace, de mystique, d'encens et de cavaliers vengeurs qui déferle et remonte les rues pavées en faisant claquer les sabots dans la ville endormie.
Alors il faudra parler de cette rue de Marjanishvili, éclairée le soir par les boutiques qui se pressent, en demi-sous-sol ; ce sont des épiceries générales, la marchande de fromages, une vitrine de gâteaux roses énormes, en plâtre je suppose - ils sont là depuis 3 ans ! Il y a l'odeur chaude du pain traditionnel qui remonte d'un soupirail, le vendeur de fruits et de légumes et sa lampe nue, les bornes automatiques de mobiles, les cahutes de cigarettes.

Il faudra parler de la tour de télé qui jette son délire de guirlandes speedées vers le ciel orangé chargé de neige.
Il faudra parler de la tombe de ce prêtre orthodoxe (russe) qui amène tout le temps, à toute heure du jour et de la nuit, des gens, des femmes, des jeunes, des vieilles, des hommes, des jeunes, des vieux, tout le temps des gens viennent prier, mettre des bougies, s'asseoir, parler.

Il faudra parler cinéma, de la lecture de la vie de Paradjanov, à ces tournages en pleine rue ou même sous mon nez, sur le balcon de ma chambre !
Il faudra parler de Gurdjeff, qui vécut vers 1916/17, qui fonda un temps son école philosophique. C'est quand même fascinant de lire Gurdjeff le soir dans cette ville que l'on entend bruire encore, un appel dans la rue, le ronflement d'une Mercedes, le vol d'Air France qui arrive à 23 heures en survolant le nid lumineux d'une ville du Caucase.









Ma nuit au néolithique # 2


Voyage en Grèce

L'Histoire du vin aborde forcément les rivages de la Grèce ! Comment pourrait-il en être autrement !?

Qui pourrait oublier la terre où s'enfonce une de nos racines ? Une racine sèche, ancienne, tordue, noueuse, qui lutte pour se frayer son chemin au milieu de tant de caillasse, d'aridité, de désespoir.

Mais peut-être ne veut-on en garder que l'image pure, parfaite, idéale de l'époque hellénistique, de ces statues fascinantes, de ces corps divins, de cette perfection supposée de la cité, de l'esprit, de l'arrangement des hommes avec leurs dieux et leurs démons...

Mais est-on prêts à ouvrir nos sens, nos sensibilités, nos sensations, à l'âme orientale de la Grèce ?? Ne voit-on pas cette inclination douce et permanente de la Grèce vers le continent asiatique, vers cette dolence et ce fatalisme joyeux qui libère les hommes de la contingence et du droit à exiger des autres. On partage cette terre, on y vit, on y souffre, on y garde la trace des anciens... et on a toujours la mer devant soi qui offre un calmant à la terreur qui peut prendre quand on ne sait plus pourquoi on s'est coupé des secrets de l'immortalité.





Shulaveri - Géorgie


Shulaveri, aux portes des steppes d'Azerbaidjan, aux portes des mondes anciens...

Site néolithique d'Arakhlo

  Guram montre les photos du site  néolithique d'Arakhlo qui est encore fouillé aujourd'hui. On voit les structures de base des maisons construites en briques de terre séchée, liées par un mortier de terre. Les habitations ont un diamètre moyen de 2 mètres, elles étaient coniques avec une ouverture unique assez basse, et sans trou au sommet pour évacuer les fumées. D'ailleurs, les traces de foyer ont été retrouvées non pas dans les maisons mais sur un espace central au village, ce qui laisse supposer que le feu était fait en commun pour tous les habitants.

Le site d'Arakhlo appartient à la culture de Shulaveri-Didi-Gora, une population qui se trouve dans la dépression trans-caucasienne en débordant sur le plateau anatolien au sud, globalement dans le territoire de ce qu'on appellera plus tard la culture Kura-Araxe, du nom des bassins des deux grands fleuves sud-Caucasiens qui vont se jeter dans la Mer Caspienne. On date la couche néolithique du 6ème millénaire avant notre ère.

Le tumulus est un lieu complexe, la couche néolithique est la plus profonde, on voit que l'occupation du village a duré 1 000 ans environ, puis les gens sont partis en emportant un peu tout, ce qui laisse peu d'objets sur le site. Ensuite, on retrouve une occupation à l'Age de Bronze, puis en période hellénistique.

Les fouilles avaient démarré à l'époque soviétique à Shulaveri, situé à cinq kilomètres environ. C'est donc là-bas qu'on a découvert ce vase magnifique visible au Musée de Tbilissi qui a contenu ce qui pour l'instant est le premier vin de l'humanité ! (voir post  le 1er vin ). Arakhlo est de la même civilisaton que Shumlaveri. Les fouilles ont repris depuis 5 ans en coopération allemande (Deutsches Archäologische Institut) et géorgienne. Les fouilles n'ont lieu que 2 mois par an.








Source : Guram L.
Centre Archéologie - Académie des Sciences - Tbilissi (Géorgie)
Liens :
http://www.dainst.org/en/project/aruchlo

welcome in Burgundy !

Chassagne-Montrachet 2010 / La Saint-Vincent, fête des vignerons, mélange païen et religieux, raconte la même histoire du vin et des hommes depuis toujours...

Vin et Hommes

Le vin nous parle des hommes, de nous, du monde, et les hommes nous parlent du vin.
Correspondance entre des paysages, des savoir-faires, des vies dans le monde du vin, du vignoble, du goût, avec des idées, des aspirations, des sentiments exprimés par des gens, philosophes, voyageurs, hommes et femmes divers.
S'établit un rapport de réflexion entre la société humaine et des qualités qui s'expriment dans l'univers du vin.

Le Marani du Caucase

Il faut partir à la recherche du Marani, à la recherche de l'âme de la Géorgie qui s'incarne dans cette pièce fermée et séparée du reste de la maison à l'orient, en Kakhétie, cette abri ouvert, à l'ouest, en Imereti... Le Marani est le lieu où l'on fait le vin, où se trouve le pressoir, un long tronc d'arbre évidé fermé par une claie percée d'un trou d'où s'écoule le jus du raisin que l'on foule aux pieds. Le marani c'est l'endroit où sont enterrés les "kvevri", ces immenses jarres où le moût fermente plusieurs mois, et d'où l'on puisera le vin arrivé à terme.
Mais le Marani c'est aussi un lieu sacré, utilisé autrefois (jusqu'au XIXème siècle) pour des cérémonies rituelles comme les baptêmes, certains sacrifices. C'est surtout un lieu symbolique où l'on concentre et l'on rassemble ses racines, sa conscience géorgienne, celle d'un peuple qui a traversé les siècles et les invasions sans changer profondément et dont le vin a incarné l'essence de la résistance (avec également la religion, catholique othodoxe).


Source : Pierre Dupont, chercheur au CNRS, Maison de L'Orient et de la Méditerranée, Lyon.
http://www.mom.fr/

Dionysos // chaos.2


Dionysos est un élément perturbateur, générateur de désordre, il introduit le chaos dans la société, il met en péril la cité, l'harmonie sociale et naturelle entre les hommes et les femmes, il déstabilise les puissants. Il est vraiment à l'opposé de tout ce que la société grecque essaie depuis mille ans de mettre en place, une société équilibrée, tempérée, stable, efficace, forte, rayonnante. 



Ce qui est vraiment intéressant, c'est de comprendre pourquoi Dionysos a quand même occupé une place aussi importante dans le Panthéon grec ! Lui qui vient mettre à bas la société. C'est que les Grecs ont senti la véritable dualité du monde et de l'homme ; l'ordre parfait vers lequel ils tendent pour bâtir la société n'est qu'une idée fausse et morte si elle n'est pas contrebalancée par le désordre, le chaos créatif qui fait ressurgir les forces puissantes et essentielles de la nature, de l'Univers, du mystère. 

Il n'y a pas lieu de rejeter les pulsions sauvages qui nous habite, il faut au contraire les laisser s'exprimer, elles font partie intégrante du monde, on doit juste les surveiller pour qu'elles n'envahissent pas notre “humanité”. Et on retrouve bien ici tout le paradoxe du Vin dans l'histoire des hommes, le vin magique, don merveilleux fait aux hommes, pour libérer la parole, la fatigue, la tristesse et se rapprocher des autres, partager, prendre du plaisir, et d'autre part, le vin mauvais, celui qui rend violent, solitaire, dépressif, dépendant, malade et qui entraîne à la mort. 
Dionysos est le Dieu aux deux visages, qui offre aux hommes la liberté, la création ou la violence et la mort. Chacun est libre d'en faire ce qu'il veut...

(les images viennent de tumblr, "Where Dionysos dwells" , très bien !

Une nuit au néolithique


On entend les cris des enfants dans la plaine ; ils sont un petit groupe, garçons et filles, qui furète dans les taillis à la recherche de feuilles comestibles, ou de baies sauvages. Les hommes sont partis chasser dans les collines sèches environnantes, il y a des gazelles, des chevaux sauvages, des cerfs plus haut dans les forêts, et puis les loups. Ils vont par groupes de deux ou trois, certains solitaires, avec leurs lances aux pointes d'obsidienne, leurs couteaux de même... On traque le gibier, on connaît parfaitement les traces, les signes de la terre, c'est l'attention du chasseur, la perception intime de l'espace, un souffle de vent, une odeur différente, un craquement de bois derrière un fourré...