Telavi Market/Telavi Bazar !

Carte Postale du marché de Telavi, capitale de la Kakhétie en Géorgie. Région principale pour la production du vin, mais pas que..

telavi market from danderen on Vimeo.

Accompagné avec compétence, gentillesse et un français parfait par Khatuna http://www.georgian-caucasus-tours.com

Guerre, ou Paix, (et Vin ?)

décidément, cette recherche sur les Gaulois et le Vin amène encore à cette réflexion :
Dans notre imaginaire, est-ce qu'on associe plutôt le vin à l'amour ou à la guerre ?
Et dans les faits, dans la réalité historique ?

Alors, spontanément, si on pense Vin et Histoire, on pense à quoi ?

Des banquets, des tavernes mal-famées, des fêtes villageoises. C'est le vin gai, populaire, paysan. Ca nous fait penser à Brueghel, avec ses tablées réjouies, mais il y a toujours une sorte de menace. Ca fait penser aux films d'époque, en costumes, dans une cour de ferme ou de chateau, avec de la paille par terre pour masquer le macadam. Ca sent la reconstitution, les figurants, les costumes, ça s'agite, il y a les figures imposées, les gros buveurs grandes gueules qui interpellent "hé, aubergiste !", les serveuses qui circulent au milieu des hommes et des mains aventureuses. Bref, c'est paillard, gueulard, sympatique, vraiment très cliché !

Il y a aussi la figure de l'homme rustre, brute, fort, qui lève la cruche entière à sa bouche, le vin ruisselle dans sa barbe et sur les vêtements, il est filmé en contre-plongée, c'est le héros, le guerrier, le chef, et le vin pur qu'il boit à la source scelle sa puissance.
On pense aussi aux soldats, aux armées, qui s’enivrent avant, ou après la bataille, qui exorcisent la peur et la malédiction du sang versé par l'alcool et l'ivresse.

C'est l'image des Gaulois vus par les Romains, ces hordes barbares qui s’enivrent de vin pur et qui surgissent soudain en hurlant, possédés, des forêts sombres, profondes, brumeuses, de cette Europe du Nord inconnue pour déferler vers le sud, vers la civilisation en emportant tout !

On aime (en France) à se représenter ainsi, Barbare aimant le vin, libre et rebelle, ivre et paillard, un vrai homme qui aime la guerre et l'amour ! Tiens, voila qu'on arrive à réunir les deux termes dans un seul : guerre et amour ??? Quelle étrange antinomie !


Et dans les faits, d'après les travaux des historiens, qu'est-ce qu'on découvre ??

D'abord, le vin n'est pas du tout la boisson des Gaulois, qui préfèrent la bière ou l'hydromel. Ensuite, si cette boisson est bien adoptée, c'est uniquement par quelques nobles, aristocrates, qui y voient au contraire un signe de raffinement, d'élitisme, et une sorte de déférence vis-à-vis de cette culture exotique hellène. Le fait de boire du vin est un acte social de pouvoir, et non pas un engouement qui aurait saisi l'ensemble de la société.
On touche là la contradiction permanente dans le vin, ce qui en fait bien sûr son charme et son attrait principal, cette dichotomie entre bien et mal, entre bénéfique et mauvais, entre joie, fête, plaisir, et violence, abus physique et moral, dépression.

Est-ce que le Vin provoque la Guerre, ou est-ce qu'il amène la Paix ? Est-il cause de malheurs, de ruine, de déchéance, exacerbe-t-il cet Univers du Chaos ou au contraire, permet-il l'échange, le contact, la tolérance par la compréhension améliorée de l'Autre, par l'écoute, l'empathie !!





sources
Calendrier Hotsquat - http://www.boumbang.com/calendrier-hotsquat/
Dionysus par briellesg  http://www.youtube.com/watch?feature=player_embedded&v=z98m4w5IU_U

Vol de cigognes

En voyage à Arles pour voir le musée gallo-romain, et écouter une conférence sur la femme antique (conférence bien féministe, mais avec humour, de Pierrette Nouet),
un petit détour par la Camargue et soudain, dans le ciel, des piaillements qui emplissent l'air...


Le printemps approche :)    (filmé le 8/03, depuis on a eu une méchante vague de froid :(

Note filmique # 3

Il peut y avoir deux façons d'aborder un documentaire historique.
Soit faire une facture classique, on se cale sur une époque, un territoire, un enjeu, et on dévide l'enchaînement chronologique des faits, des causes et des conséquences, on va sur le terrain, de fouilles en fouilles, de musée en labo, on rencontre les gens concernés, les spécialistes et on se fait sa petite idée; on peut bien sûr avec un peu d'argent en plus aller reconstituer des scènes historiques pour avoir un peu d'émotion...
Soit autre chose, une approche différente, plus personnelle. Faire un film comme une aventure,partir à la recherche d'un objet indéfini, disparu mais quand même présent, dont on a entendu parler, mais que personne n'a jamais vu...
Est-ce la quête d'une émotion subtile qui nous vient quand on s'enfonce dans le dédale d'une ruine antique ?
Est-ce la magie d'un mot évocateur qui nous entraîne dans la rêverie... druide... Caucase... cépages... moine blanc... Dionysos & bacchanales...

Cela veut dire emprunter les chemins du merveilleux, de l'imaginaire qui va faire surgir les images, qui vont s'associer avec des idées, qui feront elles-mêmes surgir des visions...
Et ça n'empêche pas que ces chemins très intimes, très personnels, puissent déboucher sur des gens compétents, dignes de foi, pas du tout des illuminés, mais bien des scientifiques sérieux qui savent beaucoup de choses et nous projettent vers de nouvelles images, de nouvelles idées, de nouvelles visions.

Repérage sur le Rhône

Repérage pour une séquence fiction : les vins produits par la colonie grecque de Massilia remontent le Rhône  pour toucher leurs clients gaulois.
Le but est donc de trouver une section du fleuve, assez encaissée (pour avoir la sensation des coteaux où habitent les tribus gauloises qui guettent la remontée des barques), sauvage (pas d'aménagement, juste les arbres, les broussailles), accessible, assez large pour donner une véritable sensation de fleuve, sans trop d'éléments anachroniques (pylônes, fils électriques, routes, voies ferrées, maisons etc.

Le problème pour un tournage historique du Rhône, c'est son aménagement moderne, dans les années 70, pour le canaliser et le rendre sûr à la navigation (justement !). Mais ce ne sont plus les barcasses d'il y a 2 000 ans, mais les chalands gigantesques (100 mètres de long ?) qui font Fos/Lyon en 1 jour.
Donc ce sont 200 km de voie canalisée, aux berges bien dégagées, nettoyées, engazonnées, bien loin des rives arborées et irrégulières qui sévissaient à l'origine. Le meilleur exemple de fleuve sauvage reste évidemment la Loire. Mais le problème, c'est l'absence des coteaux très escarpés qui dominent d'une manière caractéristique le Rhône.
Heureusement l'aménagement s'est fait pour partie en laissant des zones vierges qui suivent l'ancien lit du Rhône, le canal navigable étant de l'autre côté de la vallée alluviale, quand elle est assez large pour le permettre. Donc la recherche doit se porter dans ces zones gardées plus ou moins intactes.


Remontée du Rhône par les marchands grecs (IVème s. av. JC)


Guerre et Paix

( bon, le titre de ce post n'est pas très original... certes ! )
mais c'est une réflexion qui me trotte dans la tête depuis un moment déjà.

D'une manière ou d'une autre, ce sont les guerres qui laissent des traces, qui laissent des bagages aux archéologues ou aux historiens. Ce sont les guerres, qui, bien qu'elles détruisent, qu'elles laissent des ruines, en plus de tuer des hommes, les guerres laissent leur marques dans l'imaginaire collectif, elles se perpétuent longtemps après dans les histoires, les mythes, les légendes.
Le traumatisme violent que subit un peuple, une population au passage des armées, des pillages, des violences physiques et culturelles, doit s'exorciser par la mise en scène de héros, de protections divines, de chefs et de faits d'armes ou de bravoure collectifs ou individuels.
Et cela s'inscrit fortement dans la trace, l'empreinte que pourra laisser un peuple dans le cours du temps et de l'espace, dans l'histoire.

Notre culture, notre éducation, notre pensée historique incline fortement vers cette vision, nous ne faisons pas beaucoup d'efforts pour essayer d'imaginer autre chose que ces récits guerriers, pour voir l'histoire des hommes comme autre chose qu'une succession de batailles, d'invasions, de massacres et d'art militaire !

Et pas que la guerre d'ailleurs ; mais aussi le pouvoir, les grands chefs, les sociétés de plus en plus hiérarchisées, toute cette panoplie de sociétés tyranniques, ultra-inégalitaires, esclavagistes, écrasantes, toutes ces sociétés sont celles qui fascinent les historiens, et les gens en général...
Dans un autre livre d'histoire, récent, on parlait des siècles obscurs, cette période de la fin de l'Age de Bronze, où on ne trouve plus de grandes cités, d'Etats, de guerres intéressantes, où il n'y a plus d'ors et de monuments grandioses, où l'historien se retrouve tout nu, sans palais fantastiques à chercher, comme Troie ou Cnossos, sans alphabet mystérieux à déchiffrer, sans trésor à déterrer...
Est-ce que cela veut dire que le monde s'est arrêté ? Est-ce que cela veut dire que les gens n'existaient plus ? que les villages étaient abandonnés ? Que la vie s'est arrêtée pendant un demi -siècle ?? L'auteur tournait le dos résolument à cette époque, qui visiblement ne l'intéressait pas, au point d'en dire (bon, je cite de mémoire, je n'ai pas le bouquin, je n'ai même plus les références, il faut absolument que je retrouve ça !) :
"ces pauvres gens, ces peuples sans but, sans destin, qui ont disparu dans le vide de l'oubli, qui n'ont rien laissé dans la gloire de la civilisation et de la grandeur humaine, ces sociétés que l'on pourrait croire retournées à la préhistoire, à l'animalité, d'où ne reste aucun dieu, aucun roi glorieux, aucune pyramide, aucun art, aucun écrit, aucune trace de leur grandeur, de leur ingéniosité, de leur humanité !!! "

Wow ! quelle condamnation sans appel !! Qu'est-ce qui permet d'affirmer cela ?
Pourquoi a-t-on à ce point besoin de l'écriture pour croire que l'on est humain ? Les milliers et les milliers d'années de tradition orale, l'incroyable transmission des récits, des visions, des croyances, des savoirs, qui depuis la nuit des temps accompagne l'humanité sont-ils à rayer d'un coup de plume supérieur ?

En quoi les sociétés hyper-autoritaires, hiérarchisées, dominées par quelques castes guerrières, religieuses ou marchandes sont-elles à ce point la référence de ce qu'est une civilisation, un peuple civilisé ?

Bien sûr, ces sociétés coercitives peuvent lever de la main d'oeuvre humaine en grande quantité, la faire travailler et la faire mourir, et avec cela construire ces merveilles que sont les pyramides, les amphithéâtres, les ziggourats, que sais-je encore, toutes ces ruines fascinantes qui nous restent pour nous évoquer ces périodes !
Bien sûr que ces sociétés ont dégagé un surplus de richesse de leur organisation, de leur structuration, que cela s'est traduit par des scientifiques, des écrivains, des artistes, des techniques nouvelles, des inventions, une vraie stimulation intellectuelle qui a poussé les hommes vers l'avant.

Mais arrêtons de croire que l'humanité ne doit, et ne peux ressembler qu'à ces structures sociales violentes, injustes, arbitraires, inégalitaires, guerrières !

Pourquoi oublier l'immense majorité des gens qui vivent là, à ces époques, dans toutes les parties du monde, qui habitent dans de petits villages, ou dans de petites cités pourquoi pas, qui sont la réalité absolue de l'espèce humaine, ils en sont le corps, la matière première, tous ces paysans qui, jours après jours, pendant un mois, un an, cent ans, mille ans, une dizaine de milliers d'années, tous, vivent, naissent  s'amusent enfants, souffrent, meurent, survivent, aiment, jouissent, chantent, tremblent devant la tempête et l'orage, subissent la sécheresse, partent sur un chemin vers un ailleurs, observent la nature, imitent ses techniques, inventent des outils, sculptent pour leur plaisir, ou par inspiration, rêvent de dieux, de créatures, de puissances, racontent des histoires, perçoivent les forces du monde...

Ce sont ces hommes là qui sont le terreau de toutes ces merveilles que quelques dictateurs ont un jour voulu bâtir à leur seule gloire et leur seul orgueil !