la terre du volcan (Santorin)

La poussière de la cendre s'élève à chaque pas que l'on fait sur cette terre noire et blanche. Légère, sèche, elle aspire chaque parcelle d'humidité comme un buvard. Elle est blanche comme la poussière des morts. Dessus, ce sont les pierres noires, les pierres sombres comme le malheur qui guette les hommes depuis les origines, ce malheur de la vie trop dure, de la vie ingrate. Et ce vent, toujours ce vent qui rend fou, le meltem  qui débusque jusque dans tous les recoins de la conscience la paix qui voudrait s'installer.
Rencontre au détour d'un chemin à Santorin, dans l'île au volcan englouti, où l'assyrtico fraye son chemin dans l'aridité de la poussière et se recroqueville en nids sous les assauts du vent fou.


volcano vine from danderen on Vimeo.

Madagascar, une vigne sous les tropiques

Plaine d'Ambalavao.        
C'est un lieu fascinant de Madagascar ! On quitte les Hauts Plateaux, les terres Merina ou Betsileo, froides, riches, industrieuses, avec leurs rizières étagées le long des montagnes, on passe le col et c'est la plongée dans la lumière chaude du Sud, les couleurs brûlées des graminées, les eucalyptus,  la cuvette-oasis de la petite ville d'Ambalavao, pimpante, animée, joyeuse, aux belles maisons de briques rouges, le tout cerné par un amphithéâtre de montagnes magiques qui jettent leurs faces lisses de granit jusqu'au ciel limpide.
Les esprits sont bien là chez eux, en haut de ces falaises inaccessibles, polies, brillantes, inhumaines. On voit même leurs grottes, ces petits trous creusés de ci-de là dans la roche-mère.
Ici la sauvagerie du Sud commence, les grands espaces où les Bara, les voleurs de zébus comme on les appelle sans distinction, naviguent libres dans l'océan désert du bush.
Et c'est ici que la (petite) histoire de la vigne à Madagascar a commencé, on est presque sous le Tropique du Capricorne, quelle aventure pour notre liane géorgienne de venir taquiner les ancêtres...

Salomon , Vigneron de Géorgie

On a rendez-vous avec Solomon Tsaishvili.
Il est installé en Géorgie, en Kakhétie, cette plaine orientale où est produit le meilleur de la production viticole géorgienne.
Nous sommes partis de Tbilissi sous la pluie, temps bouché, triste, on crève à Gurjaani, je me retrouve les mains dans la boue pour changer la roue, pas terrible quand on part en tournage et qu'il faut poser ses pattes sales sur la caméra !!!
Bref, pas terrible comme mise en route... Solomon nous accueille, bourru, mais son œil pétillant laisse présager quelque surprise... C'est l'automne, les arbres dégouttent de la pluie et leurs feuilles jaunes s'apprêtent à l'hiver. La maison est pleine de ce charme des maisons géorgiennes, même si le temps froid et humide n'aide pas : on s'installe dans la véranda fermée, toute en bois, sur un vieux canapé défoncé et une table vieillotte  C'est là qu'on dégustera les vins de Solomon tout à l'heure (Khatsiteli, Mtsvane - pour les blancs, Saperavi pour les rouges).
Mais c'est l'heure de la visite du chai, du "marani" !



Solomon vinifie selon
" la Méthode Kakhétienne " (prononcer karétienne)
c'est-à-dire qu'il met la récolte avec les rafles dans les kvevris enterrés. La fermentation faite, le solide descend au fond de la jarre, forme un dépôt solide, tandis que les pépins seuls flottent encore, et le jus devient très clair, il n'y a presque pas besoin de filtration. Ensuite il transvase le vin dans des kvevris de garde, dans le 2ème marani où le vin est élevé un ou deux ans.

Solomon est adepte de la biodynamie et de l'agriculture biologique, il cherche sa voie entre tradition géorgienne et nouveaux savoirs œnologiques  C'est très intéressant, et son vin est très intéressant aussi.  La dégustation du Saperavi était vraiment originale, avec la puissance incroyable du Saperavi, et une intensité d'arômes, presque sauvages qui promettait un vieillissement complexe et harmonieux.

Ensuite nous sommes allés dans les vignes, alors qu'au loin les montagnes du Dagestan enneigées offraient un sentiment un peu à l'égal du vin de Solomon, fait d'une longue histoire, enraciné dans les millénaires de civilisation et d'humanité, fait d'espace et en même temps d'amour de son jardin, de son petit bout de terre sur la Route de la Soie, la Route du Monde.

Solomon (Soliko) Tsaishvili, "Our Wine", Gurjaani Kakheti

merci à Nino Kveselava, Ina et Caty pour cette belle journée.