Pressoir à la (gallo)-romaine

Vinalia 2013, à Saint-Romain -en-Gal, près de Lyon. Au coeur de la Côte-Rôtie, expérimentation de vendange et de pressage  de raisin à la mode romaine. Tout ça bien sûr au musée Archéologique de St-Romain.

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Delos, Dédale sous la pluie

Ambiance de ruines, pierres et mosaïques, l'herbe-du-temps, fragile, amère. Promenade.
Musique Antoine et Jean-Lou Cuenne.

Oral/écrit ...des choix de civilisation

intangible-antoinette:Hidden… Il est frappant de constater que la pensée occidentale met au-dessus de tout : la civilisation de l'écrit !

Si l'occident a réussi, s'est imposé dans le monde, ce serait par ce passage précoce des peuples méditerranéens à l'écriture. Le retard de l'Afrique, des Indiens d'Amérique, des peuples d'Océanie, d'Asie centrale, d'Europe du Nord serait dû en grande partie à leur retard à passer à l'écriture, voire même leur rejet complet de cette forme de communication ou de transmission des connaissances.

J'ai toujours eu un peu de mal avec cette idée, principalement avec l'idée de "classer" les civilisations, les philosophies, avec les meilleurs et les mauvais, les premiers et les derniers... Quel juge, quel code, quel énoncé des choses que l'on devrait comparer peuvent être réunis devant l'humanité pour savoir si une pensée est "meilleure", plus riche, plus aboutie, et surtout si elle donne mieux les clés du Savoir, de la Connaissance Vraie du monde ?

Le cheminement de la recherche intérieure dans l'humanité a progressé dans toutes les civilisations, a touché tous les peuples, a envahi la conscience de tous les hommes depuis les débuts de leur histoire.
Le passage à l'écriture n'est qu'un épiphénomène dans cette quête, cela ne change pas la nature même de la quête, et la diversité des réponses que les civilisations y ont apporté.

Toutefois, il doit être intéressant de regarder quels effets, quels impacts l'irruption de l'écrit dans l'expression d'un peuple a pu modifier éventuellement son rapport à la pensée, au spirituel, aux croyances.
La recherche sur le monde grec et gaulois entre particulièrement dans ce questionnement, dans la mesure où les Grecs ont développé l’écriture  et avec quel talent et quel succès !
Tandis que les Gaulois ont rejeté profondément l'écriture, volontairement, alors même que leur philosophie semble avoir été florissante, et d'une certaine manière, assez proche de celle des Grecs !

"Ils (les druides) pensent qu'il est interdit par la religion de confier leur science à l'écriture, bien que, dans presque tout le reste des affaires, dans les comptes publics et privés, ils se servent de l'alphabet grec. Cet usage oral me paraît voulu pour deux raisons. Ils ne veulent pas voir divulguer leur doctrine ni que leurs élèves, se fiant à l'écriture, cultivent moins leur mémoire: ce qui arrive généralement; lorsqu'on se sert de textes écrits, on s'applique moins à apprendre par cœur et on néglige sa mémoire."
Jules César : La guerre des Gaules, VI, 13-14, Traduction de : Germaine Roussel, 1963, Paris, 10/18


Les philosophes grecs, par le fait de figer la connaissance sur un support, l'a-t-elle rendue plus accessible, plus "palpable", plus réelle, démocratique ?
La nature mythique des histoires, des légendes, des récits fondateurs et des traditions, dont l'impact dépend autant du talent du conteur, de sa vision, que du propos lui-même, tout cela est affaibli face l'aveuglante vérité de la chose écrite qui s'impose là, immuable ! Les penseurs, les écoles qui se sont développées à partir de la chose écrite ont rapidement déclaré que l'écrit portait la vérité, et que l'oral relevait de la rumeur, du mythe, voire de la falsification. Il ont donc développé une critique de la pensée établie, ils ont brisé les traditions, les dogmes, ils ont remis en cause les dieux, les héros... Et c'est bien cette tradition critique qui est un des moteurs puissant du développement de la philosophie grecque.

Mais cet écrit a été le contraire de la démocratie ! Cette pourtant fameuse démocratie que les Grecs ont inventé ! L'écrit n'est accessible qu'à l'élite, ceux qui ont l'éducation, cette denrée rare dans les temps anciens, où seuls quelques familles nobles pouvaient envoyer les enfants dans les écoles, ou employer des précepteurs. La connaissance, le savoir consigné dans les écrits ne pouvait exister que dans quelques milieux très privilégiés et très restreints, bien loin de la vie du monde, la vie du peuple, de la communauté entière.

Alors que l'oralité, elle, touche tout le monde ! Elle est exprimée à tout moment, dans tous les lieux, au fin fond de telle campagne reculée, de s montagnes, des déserts, elle est portée par le verbe et la puissance d'évocation du conteur, elle est accessible au plus illettré, au plus pauvre, au plus fou, au plus sauvage des hommes, le conteur a sa place partout, il va dans le monde et transmet la parole, le récit, l'histoire, la légende...




 Le fait que nous n'ayons pas de témoignage direct de la philosophie gauloise implique-t-elle une valeur moindre que la grecque qui s'est inscrite dans des textes ? Bien sûr la philosophie des druides a disparue avec eux, alors que la philosophie grecque nous impressionne encore !
On entend dire : si la pensée gauloise avait été supérieure, elle aurait perduré ; mais le bouleversement de la conquête romaine, par les armes puis par les institutions et la religion, a été tellement puissant que manifestement la philosophie gauloise, quelle qu'elle ait été, n'a guère résisté.  Même si elle avait été porté par des écrits ne veut pas dire qu'elle aurait survécu !
Mais là encore, la question n'est pas de hiérarchiser, de mettre en compétition telle ou telle culture, telle ou telle civilisation. Qui sommes nous pour juger la valeur d'une civilisation ? A quoi ça rime ? A quoi ça sert ?

Qu'est-ce que la valeur intrinsèque d'une civilisation ?
Celle qui donne à manger à ses enfants ?
Celle qui évite de les offrir en esclaves aux autres ? Bien sûr ! Ça  c'est le principe de puissance : être le plus fort pour rester libre ! C'est la base de l'occident, entre autres.
Mais il y a eu d'autres mouvements philosophiques qui ont traversé les peuples, les sociétés, les cultures, et qui offrent à leurs disciples des bases de croyances, de préceptes de vie, qui sont intenses, riches, extrêmement complexes et profonds, qui interrogent la nature humaine et la nature de l'Univers à un degré que nous n'imaginons même pas !