The Factory House // Porto

J'ai entendu parler de la Factory House pour la 1ère fois en octobre ; on monte dans le quartier de Villa Nova de Gaia, dans l'immense quartier des entrepôts, les docks du porto ; on est juste en face de la ville, séparé par le Douro, sombre et inquiétant. Ici ça sent le vin dans la rue ! Des murs aveugles, si longs, des magasins où est stocké le porto pendant des années, il est là, il travaille lentement là, juste derrière ces murs. Et ça sent ! On monte, on entend du fado des fenêtres ouvertes d'un club où des gens boivent un verre ; il fait doux. Des jeunes et des gamins font un foot dans la lumière du soir.












On va chez Taylors, la marque traditionnelle de Porto. On se fait rembarrer, il est trop tard, ils ferment, mais on discute avec une femme très agréable à l'accueil. Dans un français tellement remarquable :) Elle parle du Président de la Factory House pour être le meilleur interlocuteur que je puisse imaginer pour parler de l'histoire du Porto, et particulièrement des Anglais à Porto ! Bon, il se trouve que c'est aussi le propriétaire de Taylors.





(bon la photo, c'est pas Taylors, c'est un autre. Je vais lui vendre 2000 dollars la photo pour la com !)

Alors, cette Factory House, qu'est-ce que c'est ? Il semble, d'après elle, (la femme, chez T.) et d'après d'autres lectures que j'ai eu (voir les liens) que ce soit un endroit incroyable à Porto, au Portugal. Un incroyable lieu diplomatique et commerçant, une zone d'exception au cœur de la ville. Elle nous raconte que si quelqu'un venait à se réfugier à l'intérieur et demander protection, il serait considéré comme en terre consulaire, c'est-à-dire que la police ou le pouvoir de l'Etat portugais ne pourrait aller le prendre sans la permission des membres du Club. Car la Factory House est un club ! Pas du tout un lieu officiel, étatique, public, du royaume britannique.
Et pourtant ils jouissent des mêmes privilèges que une représentation officielle.



(c'est pas la Factory House, mais les maisons en bord de Douro, le soir. C'est beau !)

Tout ça s'est forgé au cours de l'Histoire, des alliances, des guerres, des renversements d'alliances, de l'emprise et la prospection commerciale des Anglais, en particulier pour le vin. Quand Bordeaux a définitivement rallié le royaume de France, les britanniques cherchent d'autres vins, ou d'autres succédanés au vin. Ils trouvent le café, le thé, le chocolat, la bière, le gin... Mais quand même le vin manque : ils se tournent vers le Portugal pour mettre la main sur les vins du coin, sorte de vinho verde du Moyen-Âge. Les Anglais découvrent des terres pleines de promesses, ils s'installent, ils noyautent par l’appât ou par la force, par la guerre ou par la diplomatie.
Les négociants, puis des entrepreneurs et fermiers partent vers l'intérieur, par le feluve Douro qui se jette à Porto. Ils remontent une centaine de kilomètres, trouvent un pays magnifique avec un air plus sec que sur la côte, avec des cépages intéressants, des maturations phénoménales. On y fait un vin puissant, trop sucré, qui supporte mal les voyages en mer, la chaleur, le froid. On y rajoute un jour de l'eau-de-vie, les fermentations spontanées s'arrêtent, le vin se stabilise, on redécouvre les bienfaits du vieillissement, le porto, boisé, sucré, doux et puissant est né.


Vignes et quinta, Douro


liens
http://en.wikipedia.org/wiki/Factory_House
ler.letras.up.pt/uploads/ficheiros/5420.pdf  (étude sur les Anglais au 18e, avec portrait de Joh, WhiteHead)
http://www.art-science.com/Ken/Genealogy/PD/ch01_Port_Wine.html  (histoire de la famille Delaforce)

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