Fondation de l'abbaye de Cîteaux # 1



Quand on se penche sur les circonstances de la fondation de Cîteaux, et de l'ordre cistercien, il y a un fait qui étonne toujours, qui laisse un peu songeur... Il s'agit de la frénésie de création de nouveaux sites monastiques à cette époque, ainsi que de la quantité de petits groupes de moines, ou de religieux de tous poils qui essaimaient un peu partout. Disons en tous cas sur le territoire bourguignon par exemple.

C'est en lisant l'itinéraire de Robert de Molesmes, fondateur de Cîteaux que l'on découvre cette réalité.
Il naît près de Troyes (1029). A 15 ans, il rentre dans les ordres. Il y devient prieur (1053, il a 34 ans). En 1069, à 40 ans, il est appelé près de Tonnerre (Yonne, à 100 km de Troyes) pour diriger quelques moines. Ça ne se passe pas trop bien, la règle n'est pas assez strictement observée, il revient à Troyes. En 1072 (43 ans) il part à Provins. Puis il rejoint un groupe d'ermites dans la forêt de Colan (1074). Il les emmène à Molesme (Côte d'Or, juste en limite de l'Yonne) (1075)(46 ans) où il fonde une nouvelle abbaye. C'est un véritable succès, les donations abondent, le monastère devient très riche et s'étend sur la région : 35 prieurés en dépendent en 1098, 23 ans plus tard !
Mais ce développement rapide ne convient pas à Robert, la richesse surtout qui corrompt l'esprit presque ermitique dont il rêvait. Il part plusieurs fois à Aux en Savoie (entre 1090 et 1093)(60 ans). Puis il revient diriger Molesme. Finalement, le pape l'autorise avec quelques autres à partir fonder un nouveau site pour être plus près de la Règle de Saint Benoît.
Il partent et s'installent dans la vallée de la Saône au sud de Dijon en 1098 (70 ans) dans un lieu de "cistels" (roseaux). Cîteaux est né.
Les débuts sont difficiles, mais les soutiens politiques et financiers sont fermes, et la nouvelle abbaye survit. Encore une fois, ceux de Molesme le rappelle et Robert y retourne et meurt en 1111 (83 ans).

Le fait remarquable est cette persévérance dans la recherche d'un établissement monastique qui réponde profondément à l'élan mystique du nouveau millénaire. Cluny avait inventé un idéal monastique, avait ouvert la perspective d'une véritable installation de la recherche mystique, mais le succès et le temps l'avait réduite à pas grand-chose, du moins son idéal s'était raccorni. Alors partout des vocations, des êtres inspirés sont repartis en quête d'une vie plus pure, plus parfaite, et d'une structure pouvant l'abriter.
Les "puissants" soutenaient ces êtres sincères et convaincus qui pouvaient leur assurer une certaine clémence divine, et du coup, les expériences se sont multipliées à l'époque. On est à l'orée de l'ère féodale, et le territoire s'est stabilisé dans son partage entre rois, ducs, seigneurs etc. L'église pousse aussi par tous les moyens à l'acquisition foncière et l'apparente innocence des moines et des monastères arrange certainement les deux pouvoirs, seigneurial et ecclésiastique.

Du coup, Robert, personnage certainement inspiré par une véritable vision mystique se débat-il toute sa vie pour trouver sa voie, son site, soit qu'il existe déjà, soit qu'il faille le créer de toutes pièces, et recommencer encore si ce n'est toujours pas la bonne formule !


sources :
http://www.encyclopedie-universelle.com/abbaye-cisterciens.html
http://users.skynet.be/am012324/exordium/fra/2.pdf
http://www.bm-dijon.fr/opacwebaloes/index.aspx?idpage=165

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