
Dans la cour d'à côté, les jeunes font un feu dans la neige, avec des planches de récup. Ce sont plusieurs familles qui s'entassent dans quelques appartements, ils viennent des montagnes ou des campagnes. D'après Marina, qui leur porte des fois quelque chose à manger, ils n'ont rien, ou presque, pas de travail, pas d'argent, enfin rien de fixe, c'est au petit bonheur. Pourtant, il y a toujours dans la cour au moins deux Mercédes énormes et nickel !
Je voudrais bien savoir où Gurdjeff avait installé son "Institut", dans quelle rue, dans quelle maison. A l'époque, on appellait la ville Tiflis, nom magique aux résonnances de la Route de la Soie, de la Porte de l'Orient, entre la sauvagerie du Caucase et l'âpreté des déserts d'Iran. L'époque, c'est 1916. C'est l'explosion de barbarie dans l'Europe qui se voulait Mère de la Civilisation, on s'entretue, on se massacre, on s'extermine. Le reste du monde regarde effaré ce déchaînement, ce paroxysme de folie sanguinaire, avant de glisser peu à peu dans le gouffre, comme attiré aussi par ce vide absolu de la conscience humaine. En Russie, la Révolution éclate, les vies ne valent plus grand chose ici non plus, chaque camp produit ses exaltés, ces fous qui entrainent le troupeau dans la vengeance et le rêve de domination, on tue, toujours, on viole, on humilie.

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